Jonathan Haidt, dans « Anxious Generation », décrit les risques que nous faisons courir à nos enfants, à partir de la génération Z. Ce ne sont pas les moindres : privation sociale, manque d’exercice physique, troubles cognitifs. Mais est-ce tout ? Quelles sont les conséquences ? Quelles sont celles auxquelles je me vois confronté dans quelques décennies ? Et que pouvons-nous faire dès maintenant ? | Dans cette contribution, j’exprime ma propre opinion et non celle d’une quelconque organisation. |
Contenu
- « Génération anxieuse » : Dans quel piège nous poussons les enfants ?
- Comment en est-on arrivé là ? La menace de l’accusation de « négligence ».
- Trois évolutions dangereuses conduisent au mal-être mental.
- Quelles sont les autres conséquences possibles du temps passé devant un écran ? + Mon évaluation personnelle.
- Selon l’auteur, que peut-on faire pour lutter préventivement contre les troubles anxieux ?
- Enfin : Les évolutions en 2024 : Chiro et Scouts dd 7/07/2024
« Génération anxieuse » : Dans quel piège nous poussons les enfants ?
L’auteur fait le lien entre la génération Z, l’année 2010, année de l’introduction du smartphone, le sexe des jeunes et les troubles anxieux.
Il s’avère que les filles sont beaucoup plus sensibles que les garçons, et que les troubles de l’anxiété et les problèmes psychologiques étaient déjà présents avant que le Covid 19 n’aggrave la situation.
Les pièges sont divers. Les filles recherchent la « communauté » et les garçons l' »agence ». Ils se « battent » également différemment. Les filles attaquent les autres en portant atteinte aux relations sociales. Et les médias sociaux semblent bien adaptés à cet effet.
Comment en est-on arrivé là ? La menace de l’accusation de « négligence ».
Un exemple concret. Aux États-Unis, une mère célibataire cumule trois emplois pour joindre les deux bouts. Elle a une fille de dix ans. L’enfant l’accompagne au travail de sa mère et attend qu’elle rentre à la maison. Un jour, l’enfant veut aller jouer avec d’autres enfants sur le terrain de jeu voisin. Maman est d’accord. L’enfant y joue, mais elle est accostée par une dame plus âgée qui lui demande où est sa maman. L’enfant répond qu’elle est au travail. La dame âgée va à la police et porte plainte contre la mère pour négligence à l’égard de l’enfant. Conséquence : en plus de nombreuses explications, d’une amende et d’un procès pour négligence, la mère achète à sa fille une tablette pour surfer. Cela crée une privation sociale, par exemple, l’enfant a trop peu d’exercice physique, et accompagne également la masse sur la tablette sur le simple chemin cognitif. Les défis intellectuels et la résolution de problèmes, l’organisation de jeux par soi-même, tout cela n’existe plus.
Cette menace de négligence à l’égard des enfants est omniprésente aux États-Unis. Mais ce n’est pas la seule motivation. Les dangers présumés, qui étaient également présents auparavant mais qui semblent plus importants aujourd’hui, sont de plus en plus présents dans l’environnement parental. La réaction est alors la surprotection. Et donc une tentative de contrôle à 100 % de l’enfant par le parent. L’enfant désapprend l’esprit d’entreprise parce que les aînés l’influencent trop.
Trois évolutions dangereuses conduisent au mal-être mental.
Les trois évolutions dangereuses reconnues par l’ouvrage « Génération Anxieuse » sont les suivantes :
- Privation sociale : uniquement des contacts en ligne par le biais du temps d’écran, plus de contacts physiques par le biais du temps de jeu.
- La pensée simplifiée cognitivement, rien ne devrait plus être un véritable défi.
- L’addiction, qui implique également la passivité physique. Les enfants (apparemment selon l’étude) passent jusqu’à 7 à 12 heures par jour avec leur smartphone.
Quelles sont les autres conséquences possibles du temps passé devant un écran ? + Mon évaluation personnelle.
Les études mentionnées dans le livre font état des problèmes suivants :
- de moins bons résultats scolaires
- sentiments dépressifs
- augmentation des pensées suicidaires
- augmentation de l’anxiété
Ces problèmes surviennent immédiatement après l’introduction des smartphones sur le marché. Il est désormais acquis que le smartphone est la cause de ces sentiments, et non que ces sentiments entraînent une utilisation accrue du smartphone. Par ailleurs, des recherches ont montré que les ordinateurs portables et les vieux ordinateurs sont plus susceptibles d’être innocents du phénomène : les enfants ne les ont utilisés « que » pendant quelques heures.
Mais que se passe-t-il si nous sortons des sentiers battus et voyons si nous pouvons en tirer des conséquences significatives à plus long terme ?
Le professeur Gill Livingston est une figure clé de la recherche sur la démence. Dans sa présentation intitulée « Preventing Dementia : what should we do ?« , elle affirme qu’un grand nombre de cas de démence peuvent être évités. Voici des suggestions pour la prévention parmi quatre « sagesses de vie » suivantes à un certain nombre de facteurs de risque (il y en a probablement d’autres) : (Voyez aussi The Lancet)
- prendre soin des contacts sociaux par rapport à l’isolement social
- assurer une activité physique suffisante (par exemple dans un club de marche) pour lutter contre le diabète et l’obésité
- de relever des défis intellectuels dans votre vie. Formation dès le plus jeune âge.
- soins contre la dépression
Ce sont précisément ces quatre éléments qui compromettent l’utilisation du smartphone par la génération Z depuis son introduction en 2010. Est-il alors déraisonnable de craindre que lorsque la génération Z atteindra l’âge de 50 ans, il y aura une augmentation en pourcentage des cas de démence, qui ne seront pas simplement dus à la vieillesse ?
Selon l’auteur, que peut-on faire pour lutter préventivement contre les troubles anxieux ?
Selon l’auteur, la prévention peut venir de plusieurs directions : des gouvernements et des entreprises technologiques, des parents et des écoles. Je vous propose une sélection des possibilités selon l’auteur.
Gouvernements
Les politiques préjudiciables à la santé mentale des enfants et des adolescents doivent être modifiées. Par exemple, l’accès aux sites web sociaux pourrait être autorisé seulement à partir de 16 ans au lieu de l’âge politiquement négocié de 13 ans.
Dans de nombreux endroits, le gouvernement est responsable de la surprotection des enfants dans le monde réel et de leur protection insuffisante dans le monde virtuel.
Les gouvernements (locaux) devraient encourager le jeu libre dans les écoles et prendre en compte les besoins des enfants en termes d’utilisation de l’espace public.
Entreprises technologiques
Les entreprises qui exploitent les médias sociaux pourraient mettre en place des contrôles sérieux de l’âge qui soient conformes au GDPR. À cette fin, l’auteur fait un certain nombre de suggestions concernant les organisations « intermédiaires ».
Les parents
Permettre aux enfants de jouer librement sans surveillance. Contribuer à accroître leur mobilité à mesure qu’ils grandissent. Leur permettre de participer à un programme d’échange. Interdire les smartphones à l’école primaire et dans le lycée. N’autoriser l’utilisation qu’à partir du collège ou de l’université. Se mettre d’accord avec d’autres parents de camarades de classe.
Les écoles
Tout d’abord, les écoles « sans téléphone » : permettre aux enfants de ranger leur smartphone en toute sécurité dans un casier tout au long de la journée. Certainement pas seulement pendant les heures de cours.
Encourager les enfants à jouer ensemble et ne pas les surprotéger pendant qu’ils jouent. Accorder des pauses plus longues aux enfants. Recommander un club de jeux. Modifier les aires de jeux. Laisser les enfants faire quelque chose comme un devoir, quelque chose qu’ils n’ont jamais fait auparavant. Réorganiser leur indépendance.
Enfin : Les évolutions en 2024 : Chiro et Scouts dd 7/07/2024
Les jeunes mettent eux-mêmes leur smartphone de côté dans les camps de Chiro et de scouts. Mais pas tout le temps. Cela montre que les jeunes considèrent que le temps de jeu dans le monde réel est suffisamment important par rapport au temps d’écran dans le monde virtuel.
Certains jeunes de 18 ans utilisent un « vieux téléphone portable », mais il s’agit encore d’une minorité.